EDWIN & ARTHUR / CHOCOLATIERS / EDWART

mardi 7 juin 2016

             


                Un soir glacial de janvier (on PEUT exagérer?), ma coloc’ revient du taff et me tend une boîte noire hyper classe. Je pense d’abord à un bijou (on PEUT rêver ?) avant qu’elle m’explique que ce sont en fait des chocolats (encore mieux !) de la marque Edwart, co-créée par un ancien de sa boîte. 
Trêve de bavardages, j’ouvre l’élégante boîte et parcours le feuillet afin de choisir ma proie. Ils sont tous si beaux et délicats... Tandis que j’attrape un premier chocolat, je me promets intérieurement que je vais me discipliner à n’en goûter qu’un par jour, afin de faire durer le plaisir. Autant vous dire que la boîte n’a pas survécu 48 heures dans mon appartement. Les saveurs EdwarT sont toutes particulières et ravissent mon goût pour les herbes et épices : ganaches aux 2 poivres, à la coriandre ou encore au… curry... mes papilles sont en émoi ! 
La vie a ensuite repris son cours, jusqu’au jour où j’ai décidé de réitérer l’expérience en me rendant dans leur boutique du Marais. A peine passé le pas de la porte, un Monsieur me propose de m’offrir un chocolat, puis un autre, puis encore un autre, puis une cuillère de pâte à tartiner, puis une autre… et tout est délicieux, bien sûr. Le gentil Monsieur qui me prend par les sentiments, c’est Edwin, l’un des co-fondateurs de la Maison. Je ne suis pas repartie les mains vides bien sûr, et surtout, je suis revenue pour lui poser quelques questions, puis re-revenue pour poser des questions à Arthur, son partenaire (j’ai donc pris 3 kilos depuis ma première visite. Enfin non, le chocolat noir ne fait pas grossir ! Hein ?)

              Alors, la question qui vous intéresse tous : comment est né EdwarT ? Il faut savoir que les deux fondateurs de la marque, Edwin et Arthur (c’est le moment où vous vous dites « Aaaaah EDW-ART, bien ouej ! »), voulaient tous les deux devenir paléontologues lorsqu’ils étaient enfants.... mais heureusement pour nous, ils se sont plutôt tournés vers la chocolaterie. Ils se sont d'ailleurs rencontrés durant leurs étdues. Ce qui les a rapproché ? Leur amour pour Paris et l’envie de faire un jour du chocolat à leur manière. « On voyait nos potes travailler chez des chocolatiers qui les bridaient dans leur expression, à qui on n’accordait aucune considération et on s’est dit que l’on ouvrirait un jour notre propre chocolaterie avec nos propres règles : c’est-à-dire sans règles ! » me raconte Edwin. Chez eux, tout le monde est traité sur un pied d’égalité et chacun est susceptible de créer des produits d’exception (c’est un apprenti qui a créé la recette de leur pâte à tartiner au praliné, sur un malentendu !). Après l'école, Arthur a continué son bonhomme de chemin dans la chocolaterie tandis qu’Edwin a tenté plusieurs univers, dont l’événementiel et la vente. « Je savais que toutes ces expériences allaient m’aider un jour à monter ma propre entreprise. En règle générale, j'ai besoin de faire les choses pour les comprendre » L’occasion en or s’est présentée lorsqu’Edwin a rencontré l’oncle de sa copine de l’époque (oui, les détails sont importants !), qui avait pour projet d’investir dans l’univers du cacao. « A ce moment-là, j’ai rappelé Arthur, ainsi que mes acolytes Florian et Jeremy. Il avait l’argent et nous des idées ! » 
De cette alliance fructueuse est né EdwarT et ses deux boutiques : une dans le Marais et une rue de Rivoli, des lieux hautement parisiens. Le succès est arrivé rapidement. Les chocolats des jeunes acolytes ont vite fait de séduire les puristes et de hisser leurs créateurs au rang des meilleurs chocolatiers français, voire mondiaux. Ils ont d’ailleurs été à maintes reprises approchés par des entreprises japonaises et américaines, qui rêvent d’importer leurs créations gourmandes dans ces pays. Des propositions qu’ils considèrent avec attention… 

           Bon, je sais, je vous ai déjà fait saliver mais en vrai, quelles différences y a-t-il entre EdwarT et les autres Maisons de chocolat françaises ? Tout d’abord, le service« On fait en sorte que chaque client qui rentre soit considéré comme quelqu’un d’unique. On essaye de les valoriser en leur faisant goûter nos produits (de manière très généreuse, ndlr), que ça se concrétise sur un achat ou non. De cette manière, on arrive à fidéliser les gens, à les faire revenir ! » Je confirme… Ensuite, il y a le goût bien sûr : « On essaye de choisir les meilleurs goûts dans la meilleure qualité possible. Et le plus souvent, c'est la différence qui nous intéresse » Vous aviez déjà goûté du chocolat au curry vous ? Moi non. Et pourtant… 

           Sinon, ces jeunes culottés ont-ils des conseils à nous donner ? « Bien s’entourer, parler de son projet à un maximum de gens pour ne pas se priver d’avis intéressants sous prétexte de vouloir garder son idée pour soi. Ne pas se lancer trop vite, vérifier plusieurs fois ce que l’on pense être juste, prendre son temps », selon Edwin. « Foncer, quitte à se sentir comme le roi du monde un jour puis complètement abattu le lendemain. Apprendre de son entourage et y croire », selon Arthur.

           Allez, le mot de la fin… Finalement, peut-on dire qu'ils ont réalisé leur rêve ? 
Côté Arthur :  « Ce que l’on vit au quotidien est bien un rêve (c’est tellement plaisant d’entendre les compliments des clients !) mais nous sommes dans un mouvement perpétuel, et puis à 26 ans, on ne peut pas dire qu’on a déjà réalisé tous ses rêves » 
Côté Edwin : C’est un peu clivant d’avoir un seul rêve, j'en ai d'autres ! J’aimerais que tout le monde nous reconnaisse, et puis on a plein d’autres projets, plein d’univers à explorer ». Quelques exemples : Ils ont lancé leurs ateliers DIY ("do it yourself" ;))  dans leur boutique de Concorde il y a quelques mois et planifient de travailler sur les liens Art/Chocolat dans le futur.

Bon, fini de bavarder… Maintenant, allez-y ! Au mieux, vous finirez par dévaliser la boutique et au pire, vous en ressortirez le sourire (et le chocolat) aux lèvres. 

Infos pratiques : 
EdwarT Chocolatier Paris 
• Boutique Le Marais : 17 rue Vieille du Temple - Paris 4ème 
• Boutique Concorde : 244 rue de Rivoli – Paris 1er 
Ouvertes 7j/7 de 11h à 20h 

Mes coups de <3 : Le chocolat aux Noix du Périgord, ou celui à la Vanille de Madagascar... En fait, pas trop besoin de vous donner des conseils, vous découvrirez très vite vos propres coups de cœur en boutique... 
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Serge Ahovey / Fondateur de "La Mangerie"

mardi 8 mars 2016

         

           Il y a quelque chose de magique qui plane à La Mangerie… Quoi qu’il arrive, qu’importe mon humeur du moment ou les personnes qui m’accompagnent, j’y passe des moments d’exception. Le genre de moments qui me rendent reconnaissante et optimiste (je m’emballe !). Pourquoi ? Serait-ce le shot de bienvenue ? Ou bien l’énergie communicative de l’équipe ? Ou la perfection de leur burrata? Ou alors les moments de complicité que j’y ai partagés - avec mes amis ou avec des clients inconnus? A moins que ça ne soit la déco chaleureuse et les lumières tamisées… ? 
C’est sûrement tout ça à la fois, mais si l'on cherche d’où provient la magie du lieu, il faut avant tout se tourner vers son fondateur : le seul et unique Serge ! Serge, c’est le pote que tu rêverais d’avoir. Tu le vois papoter avec des clients au loin et tu penses « Et moi ? ». Et puis il vient te parler et tu te sens important. Et puis tu auras envie de revenir à La Mangerie, encore et encore

Au cours de l’une de ces nombreuses soirées passées au 7 rue de Jarente, j’ai eu la chance de parler plus longuement avec Serge afin de remonter à la genèse du lieu et de comprendre ce qui l’a rendu Culotté. Je vous laisse savourer...

> Son rêve d'enfant? 
C’est assez rigolo mais j’aurais aimé être steward, Michael Jackson ou un grand joueur de foot…  Autrement, non, je n’avais pas de rêve bien précis. Simplement envie de m’évader et d’être heureux. 

> Le déclic qui l'a poussé à se lancer dans la restauration?
J’étais consultant et j’ai démissionné de mon poste parce que j’en avais ras-le-bol de vouvoyer tout le monde et d’être toujours en costume-cravate… puis j’avais trop peu de contacts avec les gens, alors que j’ai besoin de vrais rapports. Après ça, j’ai essayé plusieurs métiers avant de commencer à travailler dans des bars, notamment au « Barbe Rousse » à Grenoble. On était dans le partage… avec des riches et des moins riches, des jeunes et des moins jeunes, tous mélangés ! Je trouvais ça fantastique et je me suis dit : « je dois me lancer là-dedans ! » C’était le moyen de s’habiller comme on en avait envie, d’écouter la musique qu’on aimait et surtout de tutoyer les clients. On était nous-mêmes ! Je me suis lancé là-dedans à corps perdu, j’y ai bossé pendant 4 ans et en 2007, j’ai fini par ouvrir l’"A Rhum Café". J’ai voulu faire un truc un peu chic, un peu féminin (parce que dans les bars en général quand il y a beaucoup de mecs ça part en vrille… et quand il y a des filles, les mecs se tiennent à carreau). En 2008, toujours à Toulon, j’ai ouvert mon premier bar à tapas, L’"Atelier à Tapas". Un peu plus tard, j'ai tout vendu avant d’ouvrir un nouveau bar à shots à Marseille. Je n’y suis resté qu’un an car je ne me suis pas trop intégré dans la ville. En 2010, je suis arrivé à Paris et le 11 juillet 2011… J’ouvrais la première Mangerie, et voilà, ça va faire 5 ans cette année qu’on est ouverts. Tout n’a pas été facile. Quand on arrive de Province et qu’on débarque à Paris, en général on ne te fait pas de cadeau, mais cette ville m’a permis de me créer une carapace et d’avancer. Aujourd’hui, je suis heureux et je remercie tous ceux qui ont eu confiance en moi – mon équipe, les clients qui sont là depuis le début… Je pense qu’il n’y a pas de hasards dans la vie, on rencontre les bonnes personnes au bon moment.

> Ce que La Mangerie a de particulier? 
Quand j’y rentre, j’ai l’impression d’être à la maison et le plus beau compliment qu’on puisse me faire, c’est justement me dire que l’on se sent chez soi à La Mangerie. Sinon, c’est un lieu où il y a beaucoup de filles… Je ne sais pas pourquoi, est-ce que c’est la quartier, la déco… mais en tous cas il y a plein de nanas et je suis très content de ça. Il paraît d’ailleurs que nous sommes le lieu où il faut amener son copain ou sa copine ou son « date ». Il y a beaucoup de dates qui se passent ici et j’en suis très fier ! Je suis persuadé que nous les restaurateurs, les commerçants, on peut parvenir à lancer du rêve au gens. 

> Des conseils pour les Culottés en herbe? 
Le seul conseil à donner pour réussir dans ce milieu est qu’il faut être sûr de soi. Si tu as confiance en toi, tout arrivera. 

> Des Culottés qu'il admire particulièrement? 
Déjà, toute mon équipe ! On me dit que La Mangerie c’est moi mais non, c’est nous… J’admire aussi le premier directeur que j’ai eu quand j’étais étudiant et que je bossais au MacDo, Philippe Hamon. J’admire mes parents qui sont arrivés en France depuis l’Afrique dans une ville où les noirs n’étaient pas encore si bien intégrés que ça… J’admire les mecs comme Obama, tous ceux qui ont réussi, qui sont partis de rien, tous ceux qui ont eu la patate, qui ont tout quitté, qui ont grandi. Même les voisins que je ne supporte pas, je les remercie de m’avoir rendu plus fort. Tous les gens qui aiment la vie, qui aiment les êtres humains, qui ont envie de toucher, qui ont envie de discuter, d’échanger un regard, un bisou, un postillon, ou même de s’engueuler… Il y a des gens qui m’ont porté vers le haut et j’ai envie de porter ces gens-là vers le haut. Pour moi aujourd’hui, c’est la fête parce que c’est la rencontre des êtres humains, ça c’est très important pour moi… L’être humain et l’énergie que je vais leur donner et l’énergie qu’ils vont me donner.

Infos pratiques: 
La Mangerie : 7 rue de Jarente 75004 Paris 
+  La Petite Mangerie: 5 rue de Bretagne 75003 Paris
http://la-mangerie.com



Mes coups de <3 : En soirée, leur grand choix de vins et de cocktails. Tous les tapas sont succulents mais, vous l'aurez deviné, je suis particulièrement fan de leur burrata. Mention spéciale également  au jambon à la truffe et au poulet croustillant aux cacahuètes. Leur brunch, proposé le dimanche est également excellent (photos à l'appui ci-dessus!)

Jessica Pommier / Blogueuse et aventurière

lundi 7 septembre 2015


             16 mars 2015, 16h16 (bon, en fait je ne me souviens pas du moment exact, mais ça sonne bien non?). Ma collègue Jessica me propose d'aller faire une pause café. Je flaire que cette pause ne va pas être comme les autres... que cette fois, nous n'allons pas parler de ses histoires de coeur ou des derniers potins de la boîte. Non, Jessica va m'annoncer quelque chose d'important. Le coeur battant, je la suis vers la mini-cuisine qui se situe au milieu de notre open space (j'aime donner des détails inutiles pour vous faire patienter). "Il faut que je t'annonce quelque chose", me dit-elle (Oui, je sais!!) "J'ai démissionné ce matin." Gloups, là mon coeur descend jusque dans mes pieds. "J'ai décidé de partir réaliser mon rêve et aller faire le tour du monde." Culotté, non ? 
Evidemment, je lui pose plein de questions, mais je sens que c'est une décision mûrement réfléchie et que ce sera sûrement la meilleure de sa vie. Pourquoi? 
1. Il faut savoir qu'un an auparavant, Jessica a subi une déception amoureuse douloureuse, le genre de rupture qui fait remettre toute sa vie en question
2. Sa vie professionnelle ne la stimulait plus autant qu'avant, et s'il y'a bien quelque chose que Jessica déteste, c'est faire les choses à moitié
3. Jess est une grande voyageuse, du type "je-prends-mon-sac-à-dos-et-je-pars-à-l'aventure-et-si-au-passage-je-peux-manger-des-trucs-dégueulasses-type-sang-de-serpent-c'est-top". Bref, elle a le voyage dans la peau et c'est en parcourant le monde qu'elle se sent vivante

CQFD : notre aventurière se DEVAIT de démissionner et de vivre son rêve. OUI, elle a abandonné un CDI quelques mois après avoir été promue et OUI, elle va partir en solo alors qu'elle n'aime pas être seule et OUI, elle va devoir vivre sans les personnes qu'elle aime et qui l'aiment pendant un an. Mais après tout, une vie à moitié vécue n'a pas grand intérêt et nous, on rêve tous secrètement d'avoir un jour le même courage qu'elle. Et puis, Jess a un don pour transformer ses pires galères en histoires drôlissimes. Donc quoi qu'il arrive, nous, on se régalera en regardant ses vidéos sur son blog :  Mes Ptits Bouts du Monde.  Le but ? Nous embarquer dans son périple, mais surtout embarquer les enfants qu'elle va croiser sur sa route, ainsi que les ptits bouts de l'association "L'Enfant @ l'hôpital", dont elle est partenaire.

Etant donné que c'est essentiellement via des vidéos que Jessica va partager ses aventures (date du grand départ: le 1er octobre!), elle a décidé de répondre à mes questions en... vidéo. Allez hop, c'est parti ! 



Infos pratiques: 
Mes Ptits Bouts du Monde 
Suivez aussi Jess sur Facebook, sur Instagram et sur Periscope (@Mes ptits bouts du monde)

Mon coup de <3: Jessica met tout son coeur dans ce qu'elle fait en général, et surtout dans ses récits. Lorsqu'elle commence à parler, on a envie de se blottir sous une couverture et de l'écouter encore et encore!

Laurent Gerbaud / Chocolatier explorateur de saveurs

lundi 3 août 2015


       Novembre 2003. Je sors de Caméléon (magasin de prêt-à-porter belge) avec ma mère. Une séance de shopping intensive, ça creuse l’estomac… En passant devant le stand d’un chocolatier inconnu au bataillon, on n’a pas résisté à la tentation de s’acheter quelques orangettes. Fermeture des portières, ouverture immédiate du paquet. Et là : énorme révélation. Ces orangettes sont fondantes, moelleuses, exquises. Résultat : le trajet aura eu raison d’elles. 
Le chocolatier en question s’appelait Laurent Gerbaud, un nom qu’on n’a plus jamais oublié. On l’a ensuite traqué chez ses revendeurs bruxellois, avant de découvrir sa propre boutique en 2009. 

         C’est la Chine qui a façonné le goût de ce chocolatier hors norme. Un long séjour à Shanghai lui a permis de découvrir des saveurs méconnues et de s’adapter aux préférences du marché chinois, pas très friand de desserts trop sucrés. Ses délicieuses créations sont donc le résultat du choc des cultures belge et chinoise. 
J’ai eu la chance de participer à un workshop (voir photos plus bas!) dans sa boutique et j’en ai profité pour lui poser les questions du Culotté. 

> Son rêve d’enfant ? 
Je me voyais bien comme Tintin : être journaliste, voyager… Ado, j’avais envie de faire le droit international, toujours dans l’optique de voyager. Et puis la cuisine m’attirait aussi. Je me disais que si je n’avais pas un job de juriste ou de diplomate, je serais chef et que je trouverais toujours un boulot dans un restaurant. C’était vraiment des idées de voyages, d’ado quoi ! 
Mais dans la réalité, le droit, c’est chiant, super sec. J’ai finalement fait des études d’Histoire, super intéressantes mais très solitaires. Et après ça, j’ai commencé le chocolat… Je cuisinais déjà beaucoup et c’est venu naturellement. Le rêve restait toujours la gastronomie, et les bonnes fêtes aussi (rires).

> Le déclic qui l’a poussé à créer sa marque ? 
Ca remonte à mon voyage en Chine. A la base, je n’avais pas encore de marque à moi et j’étais parti dans l’idée de faire une étude de marché et d’y vendre mes chocolats. Sur place, après quelques mois, je n’avais plus d’argent donc je me suis retrouvé devant un choix : soit je partais et mon étude de marché ne valait plus rien, soit je restais et je créais quelque chose. J’ai choisi la deuxième solution et donc j’ai créé un logo, mis mon nom sur mes chocolats avec un tampon chinois et à partir de ce moment-là, la marque a existé. J’ai vraiment fait toutes mes expériences en Chine. Autant les succès que les erreurs, j’ai tout appris là-bas et c’est ça qui était génial, il n’y avait pas de risque réel. Au pire des cas, je ratais et je rentrais en Belgique. Et même si ça n’a pas été un succès commercial, ça a façonné tous les chocolats que j’ai fait après, ça a changé mon goût et mes chocolats sont tels qu’ils sont grâce à ce voyage. 

> En quoi sa vie a changé depuis ? 
Une fois qu’on est indépendant, on bosse 15 heures par jour et on finit par ne plus considérer ça comme un travail, surtout dans le milieu de la cuisine. Mais je n’aurais pas fait autre chose. Ce qui est bien, c’est d’avoir une idée et de pouvoir la concrétiser très rapidement. Quand on est indépendant, on est seul à décider. Parfois ça ne marche pas et parfois ça marche super bien. On n’a rien sans rien. Il n’existe pas de réussite de fainéant ! Quoi qu’il en soit, une fois qu’on a goûté à cette indépendance, il est difficile de revenir en arrière

> Des conseils pour les Culottés en herbe? 
Il faut beaucoup travailler, être conséquent dans ses choix et se procurer les meilleures matières premières. C’est très important de comprendre les matières et leurs subtilités, et c’est valable pour tous les domaines d’activités. 

> Des Culottés qu’il admire particulièrement ? 
Je n’ai pas eu vraiment de modèle en Belgique car les chocolatiers belges font beaucoup de gras, de sucré. Le sucre diminue le prix des chocolats et les chocolatiers ont tendance à en utiliser un peu trop. Par contre, j’aime beaucoup Patrick Roger, que je trouve extraordinaire. Ce qu’il fait est vraiment épatant, autant ses sculptures que ses chocolats. C’est en allant visiter son atelier que j’ai compris comment il créait des ganaches aussi incroyables. Il est vraiment fou, et c’est ça qui est chouette.




Infos pratiques: 
Laurent Gerbaud Chocolatier 
www.chocolatsgerbaud.be/
Rue Ravenstein 2D, Bruxelles 

Mes coups de <3 : les "Gare aux Noisettes" et les "Kumquats". Je vous conseille également de tester son workshop, qui débute par une dégustation et qui se termine par un atelier de confection de chocolats. On en sort avec des chocolats à offrir (ou pas!) et de nouvelles connaissances sur le cacao! Tous les samedis (ou presque) de 11h30 à 13h.

C'est parti!

Petite note de lancement: Après de nombreuses tergiversations, je lance enfin Les Culottés! Le site n'est pas encore parfait à mon goût mais j'ai réalisé qu'il fallait arrêter de se poser des questions et ... agir! Les améliorations arriveront au fur et à mesure. J'ai quelques sujets en stock et encore plein d'autres en tête.

J'espère de tout coeur que ce blog vous apportera de bons moments de lecture et qu'il vous inspirera à devenir... culotté.

Note : les 4 premiers portraits sont issus d'un projet précédent mais ils correspondaient bien au thème des Culottés, donc j'ai voulu les y inclure. :)

Kristin Frederick / Fondatrice du Camion qui Fume

dimanche 2 août 2015




Le Camion qui Fume, ça vous dit quelque chose ? Si vous êtes Parisien, plusieurs possibilités :

Vous êtes un(e) fidèle et commencez à baver rien qu'à y penser
- Vous avez toujours voulu essayer parce que votre ami(e) #bobo vous en a dit tellement de bien mais - Vous n’avez pas encore passé le pas
- Vous êtes déjà passé devant et la file vous a découragé(e)
Dans tous les cas, si vous vivez à Paris, oui, vous en avez entendu parler.

Petite présentation pour les autres : Le Camion qui fume est ce qu’on appelle un « food truck », un camion itinérant qui sert des Burgers « gourmet », c’est-à-dire faits maison avec produits frais et recettes améliorées (et oui, ajouter des champignons à son Burger, ça fait déculpabiliser).
              Derrière la fumée du camion, on retrouve Kristin Frederick, jeune californienne expatriée en France depuis 2009. Kristin a les papilles gustatives bien aiguisées : ses parents sont tous deux restaurateurs et fins gourmets. Pourtant, ils n'ont pas poussé leur fille à suivre leur voie, au contraire...  C'est ainsi que la jeune fille a d'abord choisi un parcours "classique": elle étudie le Marketing et devient commerciale. Mais certaines vocations ne peuvent pas rester au placard bien longtemps: Kristin se lasse très vite de la vie de bureau et prend le risque de tout quitter pour aller étudier la cuisine à Paris, à l'école Ferrandi« Je ne pensais pas spécialement devenir cuisinière : je voulais avant tout avoir une formation de base dans le domaine. En fait, je me voyais plus journaliste critique gastronomique… »

Sa vie en France ne fait qu'approfondir son intérêt pour la gastronomie. "J'ai appris à aller acheter mes produits chez de petits commerçants et non plus dans des supermarchés formatés à l'américaine" et son stage qui lui confirmé qu’elle était sur la bonne voie : « j’ai adoré la pression, le rythme, les coups de feu. » Elle continue ensuite à travailler au sein de restaurants parisiens avant de se sentir prête à commencer sa propre aventure culinaire. 
"Lors de mes visites aux Etats-Unis, j'avais observé à quel point les Américains étaient fous des food trucks, malgré le fait que c'est a priori très inconfortable de faire la file dans la rue." L'idée est donc trouvée: importer le concept de camion gourmand en France. "Je me suis dit qu'en proposant quelque chose de bon, de qualité à prix raisonnable, je ne pourrais pas me tromper. J'avais remarqué qu'on pouvait trouver des burgers sur toutes les cartes des bistrots parisiens et qu'ils étaient extrêmement populaires, bien que souvent moyens." 

La suite, comme vous l'avez deviné, c'est Le Camion qui Fume, lancé en 2011.  "J'ai voulu recréer les goûts de mon enfance avec des produits français. Après des mois et des mois de tests, j'ai enfin trouvé la recette parfaite." Son secret? "Pour cuisiner un bon burger, il faut de la viande de boeuf très grasse." (chut!)
On peut entre autres retrouver le camion coloré devant le MK2 Bibliothèque ou le Point Ephémère, dont Kristin est la partenaire. "Certains établissements nous demandent de travailler ensemble car nous faisons brasser pas mal de gens, ce qui est bon pour le business" Et contrairement aux a priori, les food trucks peuvent même booster la clientèle des restaurants limitrophes... 

               Le succès de Kristin en a inspiré plus d'un, et il est désormais très difficile pour les nouveaux bolides d'obtenir les droits nécessaires. "Je suis approchée par beaucoup de personnes motivées qui souhaitent se lancer dans la gastronomie itinérante. C'est important pour moi d'aider les autres à se lancer." Kristin est d'ailleurs devenue la présidente de l'association Street Food en Mouvement
N'a-t-elle pas peur que ces nouveaux arrivants lui fassent de l'ombre? "En tant qu'Américaine, je vois la compétition comme quelque chose de sain et pas comme quelque chose de nocif."

                Forte de son succès, Kristin ouvre en 2013 un restaurant dénommé Freddie's Deli"J'ai pensé qu'il était temps d'introduire les Français aux véritables sandwiches américains, au pastrami,  à l'entrecôte..." En effet, il est difficile de trouver des sandwiches savoureux en France, tant les Français accordent d'importance au sacro saint pain et si peu à son contenu. 
Chez Freddie's, les sandwiches sont sensationnels avec leur viande fondante, leur fromage crémeux, leurs légumes frais et leur pain moelleux (signé Gontran Cherrier).

         Kristin est loin de s'arrêter en si bon chemin... Elle a ouvert un premier Pop Corn Bar gourmet chez Europacorp Cinémas à Aéroville et compte l'implanter prochainement dans d'autres cinémas. "Le concept est similaire à celui d'un bar à cocktails: nous mixons les saveurs en face du client."

L'histoire de cette jeune femme est plutôt inspirante. Il y a encore seulement 5 ans, elle venait de débarquer dans un pays dont elle ne connaissait pas la langue. Maintenant, elle vend des centaines de burgers par jour, prépare de nombreux projets (dont une émission!) et est devenue une figure incontournable de la mouvance des food trucks. 

           Notre entrevue a lieu chez Freddie's, et les odeurs commencent à me faire tourner la tête. Je demande à Kristin quel sandwich elle me conseille, et sa réponse m'a scotchée: j'avais rarement entendu parler de nourriture avec autant d'emphase et je sens que je vais finir par tester l'ensemble de la carte. 
Allez, vite une dernière question avant le festin: qu'est-ce qui la motive le plus dans son métier? 

"D'abord, j'aime "nourrir" les gens, je pense que c'est une sorte d'instinct  maternel. J'essaye de de leur apporter la nourriture dont ils ont envie. Ensuite, j'aime trouver ce qui manque et combler, en cela je me vois comme une "conceptrice". J'adore passer du concept à la réalisation. Et enfin, il n'y a rien de mieux selon moi qu'un gros rush en cuisine.



Infos Pratiques:
  • LE CAMION QUI FUME - localisations diverses à retrouver sur lecamionquifume.com
  • FREDDIE'S DELI - 22 rue Crespin du Gast - 75011 Paris

Amaryll Schwertner / Chef de Boulette's Larder



            En mai 2013, j'ai eu l'occasion de rencontrer Amaril Schwertner, chef du fameux restaurant "Boulette's Larder", situé au Ferry Building de San Francisco. Je m'y étais rendue avec un peu d'appréhension... C'est Françoise (mon hôtesse SF), inconditionnelle du restaurant, qui m'a obtenu ce rendez-vous en allant directement demander à l'intéressée si elle serait d'accord de participer à mon projet. Je me demande si Amaryll jouera le jeu avec sympathie ou avec agacement, étant donné qu'on lui a un peu forcé la main. Je la retrouve dans son repère et nous nous dirigeons vers un coin plus "calme" du Ferry Building afin de commencer l'interview. 

           Après avoir posé ma première question, je sens déjà que je suis la bienvenue et que la Chef se fait un plaisir de me répondre. Je lui demande d'où vient sa passion, et elle me raconte avec véhémence une histoire fascinante à propos de ses origines. Amaryll vient d'une famille de réfugiés hongrois, et c'est surtout sa grand-mère qui s'est occupée d'elle durant son enfance. Cette dernière avait travaillé pour un restaurant très reconnu en Hongrie et était une incroyable cuisinière. Elle aimait remplir ses repas de bons ingrédients aux saveurs de son pays désormais si lointain. "Elle ne faisait jamais de courses au supermarché", se souvient Amaryll, "elle allait chez des amis fermiers et menait son enquête auprès d'eux afin de dénicher tel ou tel produit". Grand-mère Schwertner aimait cuisiner à toute heure du jour ou de la nuit. "Je la retrouvais parfois en train de cuisiner à 1h du matin car elle voulait absolument nous présenter telle ou telle pâtisserie pour le petit-déjeuner. Pour elle, cuisiner était une façon de nous communiquer son affection." Amaryll n'avait pas le droit d'aider dans la cuisine car c'était une "affaire d'adultes", mais elle ne s'est jamais privée d'observer sa grand-mère à l'oeuvre. Lorsque la future Chef est partie à l'université et s'est retouvée seule dans la cuisine, elle s'est rendue qu'elle n'avait en fait jamais cuisiné auparavant. "Au départ, je me suis sentie désemparée, mais j'ai vite réalisé à quel point il était facile pour moi de faire la cuisine. Le langage était déjà en moi, je ne savais simplement pas encore comment le pratiquer." Amaryll a alors commencé à travailler dans un restaurant dans le but de financer ses études, et son talent naturel n'a fait que s'enrichir. "J'avais de bons réflexes et je retombais toujours sur mes pieds. Les autres venaient vers moi lorsqu'ils avaient des questions. C'est là que je me suis vraiment rendu compte que j'étais douée, et que je pouvais gagner de l'argent tout en faisant ce que j'aimais." Notre Chef a donc décidé de faire de sa passion son métier, et ouvre Boulettes Larder en 2004, un restaurant qui renouvelle quotidiennement son menu, entièrement composé de produits frais et locaux. "La passion me vient des ingrédients. Quand ils sont beaux, je me sens intriguée et j'ai envie d'avoir une véritable relation avec eux. Je les utilise comme une palette de couleurs avec laquelle je peux créer quelque chose de nouveau." 

Mais qu'est-ce que la "passion"? "De nos jours, les gens parlent beaucoup de passion, surtout dans l'univers de la cuisine. Le terme est utilisé à tout-va et perd beaucoup de son sens, c'est devenu un cliché. Selon moi, la véritable passion, celle dont tu me parles, je l'assimile à la "faim". La passion vient des déceptions et de la faim que l'on a pour la vie. Vivre des moments difficiles ne fait que la renforcer." 

Je finis par lui poser mon inévitable question: quel est l'aspect de son métier qu'elle préfère? "Ce que je préfère, c'est le fait de vivre de mon talent et de ne jamais l'en lasser. Je travaille 18 heures par jour depuis 30 ans, mais je ne me sens jamais lasse. Le travail est parfois difficile, mais j'arrive toujours à y trouver de la joie. La cuisine est une forme d'art, et je me considère donc comme une artiste. Tant de personnes recherchent cela - gagner sa vie grâce à son talent et sans cesse s'y épanouir. C'est triste de traverser la vie sans avoir découvert ce pour quoi on est doué. C'est pour ça que je me considère très chanceuse. C'est une chance énorme de pouvoir aller à l'intérieur de soi tous les jours et d'y puiser un pouvoir créateur." Le succès de Boulettes Larder ne fait que s'amplifier- le restaurant s'est récemment agrandi et comprend désormais un nouvel espace: le Bouli Bar, toujours au Ferry Building… 

NB: Pourquoi Boulettes Larder? "Boulette" est le nom d'une chienne hors du commun, un berger hongrois de 14 ans. Elle a été dressée pour devenir un animal de "service". Elle peut ouvrir une fenêtre, rester calme dans un avion, se servir dans le frigo... Amaryll a commencé à écrire l'histoire de son chien et l'a proposée à des employés de Pixar, en visite dans son établissement. Affaire à suivre...


BOULETTE'S LARDER - Ferry Building Marketplace, 1 Ferry Building, San Francisco